Courir quand on est une femme ça demande un temps de préparation. Non pas physique, mais préparer son parcours, le réfléchir, même quand comme moi, on court en ville. Eviter de prendre des risques, comme si finalement s’il devait arriver quelque chose ça serait notre faute ; « qu’est-ce qu’elle faisait là seule ? » Préparer son parcours pour éviter de se retrouver seule en cas de danger. C’est dingue, mais en 2021, dans une petite ville comme la mienne on en est encore là. Une fois le parcours valider, il faut égaler trouver le bon horaire. En été, c’est facile. Enfin, facile de ne pas courir dans la nuit. La chaleur finalement on s’en moque, on court tellement de risques plus importants qu’une insolation !
Courir quand on est une femme, c’est accélérer un peu dans les endroits les plus isolés, parfois surveiller qu’il n’y ait personne derrière soi. C’est préférer opter pour des quartiers connus, avec des maisons où l’on pourrait éventuellement sonner… C’est anticiper, toujours, éviter le moindre risque.
Courir quand on est une femme, c’est se faire emmerder – car oui il n’y a pas d’autres mots – aussi bien par des jeunes hommes que par des bien plus vieux… Qui vous a dit que ça nous ferait plaisir de nous faire klaxonner ou de nous faire demander notre 06 !?!? Franchement, quand ce sont des jeunes prépubères j’arrive encore à le pardonner, mais d’hommes qui pourraient être mon père voire mon grand-père ? Qu’est-ce qu’il ne tourne pas rond dans vos têtes pour penser que l’on pourrait se sentir valoriser ? Vous n’avez pas de femme, de filles ? Parce que sachez-le ça ne nous fait pas plaisir, non ! ça créé plutôt un sacré sentiment d’insécurité et cela quelque soit l’âge que l’on a !
Malgré ses désagréments, je continuerai de courir, et surtout je continuerai d’éduquer mon fils dans le respect !
